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Bivouac Lacs des Millefonts

  • Photo du rédacteur: Marmotte
    Marmotte
  • 29 avr. 2019
  • 5 min de lecture

Récit de Marmotte Claire


Dimanche 12 Août 2018


C'est une journée ensoleillée à Nice. Je sais que je veux aller marcher mais le choix est difficile lorsque l'on débute. Je me décide sur un circuit à 13 heures. Plutôt froussarde, je n'avais encore jamais osé bivouaquer seule. Mais ce soir, c'est l'une des belles nuits réputées pour permettre l'observation d'une pluie d'étoiles filantes. Le choix est vite fait.


Aux alentours de 15 heures, j'arrive au point de départ, le parking des Millefonts, accessible depuis Valdeblore au moyen d'une petite route très escarpée. Pas mal de randonneurs sont présents. Certains me jettent un regard amusé en voyant mon équipement ; je dois bien admettre que ma tente Quechua 2s en forme de cercle harnachée à mon sac à dos me donne un aspect de tortue, ce qui est assez comique vu que mon allure de marche se prête à accentuer la ressemblance avec l'animal.



Je commence ma marche, d'affreux nuages apparaissent. Je vois encore le parking, je me questionne. Est-ce bien prudent ? Je suis seule, je n'ai même pas d'imperméable. Un couple me demande : « Vous comptez bivouaquer ? Vous n'avez pas peur de vous faire tremper ? » Je vérifie une dernière fois les prévisions météo sur les prochaines 18 heures à venir, pas de pluie prévue. Pas d'orage non plus. Je poursuis. Ces premiers pas sont très douloureux, je me sens punie par mon manque d'exercice. La première montée jusqu'au Col de Veillos est raide. Une fois arrivée au Col, je peux souffler. Je suis très souvent dans les nuages ce qui m'empêche d'admirer la vue.



Je suis les instructions notées à l'avance, je prends quelques photos, impressionnée par les merveilles que cette vallée m'offre. Un passage rocailleux m'émerveille, et je découvre en contrebas le Lac Petit, qui est en réalité le plus grand des 5 lacs que l'on peut observer sur le chemin. Il fut à une époque petit sans doute, mais la nature en a décidé autrement. Un groupe de marcheurs s'est arrêté pour méditer, ou prier, je ne sais pas. Je les entends chanter des paroles que je ne comprends pas mais la mélodie me fait penser aux chants des moines bouddhistes. Je les salue discrètement et continue mon chemin jusqu'au Lac Long. En y parvenant, je suis sous le charme. De petites fleurs blanches forment un tapis à ses abords, créant une atmosphère bucolique malgré l'abondance de nuages et le vent.






Je poursuis ma marche jusqu'au Lac Gros. Ce lac d'un vert profond est en forme de cœur, enfermé au milieu de la roche, telle une émeraude cachée dans un gisement quelconque. J'ai trouvé cette vision extrêmement poétique. Enfin le temps se dégage et je peux voir les rayons du soleil éclaircir le Mont Pépoiri, sur ma droite. J'atteints bientôt le Col du Barn. Je suis à l'entrée du Parc National du Mercantour. Mais ce n'est pas mon chemin. J'admire la vue, je me sens petite mais incroyablement vivante.






Désormais mon but est de trouver un endroit confortable où planter ma tente. En redescendant au Lac Long, je rencontre un marcheur très agréable. Nous échangeons quelques mots, nos projets pour le soir et nos émotions à la vue de ces merveilleux lacs. J'hésite.. Je suis tentée de poser ma tente à côté de lui, qui s'installe en me parlant, mais j'ai peur de le déranger dans sa quête de tranquilité. Pourtant, je ne suis pas enthousiaste à l'idée de passer la nuit toute seule. Je lui souhaite une bonne nuit et descend jusqu'à l'un des lacs qui ne porte pas de nom, qui dispose d'un espace herbeux sec devant la falaise qui surplombe la vallée. Je m'installe. La vue est splendide, on peut apercevoir plusieurs couches de nuages pastel, le soleil qui disparaît en touchant le Mont Pépoiri, et le Lac Petit 25 mètres plus bas. Je me sens chanceuse.






La nuit tombe alors que je déguste un plat de pâtes requinquant. Les premières étoiles apparaissent. Trois, quatre, cinq. Il fait maintenant nuit noire. Mes yeux s'habituent à l'obscurité et je commence à apercevoir ce que je pense être la voie lactée. Une trace immense dans le ciel, faite de milliers de lueurs toutes plus belles les unes que les autres. J'ai froid. J'ai un duvet que j'ai acheté 8 euros à Décathlon, qui ne devrait pas servir à autre chose qu'à un lit d'appoint dans une maison ou à un couchage exceptionnel dans une voiture. Je n'ai pas de doudoune, seulement une polaire. Je dors ce qui me semble être trois heures. Je me réveille, ouvre la porte de ma maison en toile, et je découvre le spectacle qui a débuté lorsque je dormais. Des dizaines d'étoiles filantes passent sous mes yeux. C'est la première fois que j'en vois je crois bien. Je n'ai pas d'appareil photo capable de capturer cet instant, mais j'en suis heureuse ; je profite pleinement de ce moment hors du temps. Cependant une chose vient troubler mon bonheur si parfait. Je vois des flashs, j'en déduis qu'il s'agit d'éclairs. Je n'entends pas de tonnerre mais je suis inquiète.


Lundi 13 Août 2018


Je finis par m'endormir, après deux heures d'une intense observation. Le vent souffle très fort, et je commence à entendre le son de la pluie. Cela me réveille de temps à autres. J'ai peur que l'orage arrive. Finalement il n'arrive pas. Je sors du sommeil aux alentours de 07 heures. J'ouvre la porte, je découvre le merveilleux lever de soleil qui s'offre à moi.. Je rêvasse quelques instants.


Je vérifie la météo. Panique à bord ! Pluie annoncée, je n'ai qu'une heure pour rejoindre la voiture. Je dois me dépêcher. Seulement, une fois la tente repliée et le sac fermé, je ne trouve pas le sentier pour rejoindre le col de Veillos. Et pour cause, je ne le sais pas encore mais je me trouve à un tout autre lac que celui auprès duquel je pense être. J'improvise un chemin, je grimpe, je redescends, et je finis par arriver sur la rive du Lac Petit. Je ne m'arrête pas. J'arrive vite au col de Veillos. En effet les nuages ont déjà recouvert la vallée.. Je me dépêche dans la descente raide qui était une montée à l'aller.. Je crois que je préfère la montée. Mes cuisses souffrent, j'ai mal au dos, je suis épuisée. J'aperçois ma voiture au loin.. Sauvée ! Il est 7 heures 55 lorsque je démarre la voiture. Dix minutes plus tard, alors que je n'ai pas encore atteint le village de Valdeblore, la pluie commence à tomber. Je suis heureuse d'être à l'abri. L'inquiétude fait place au repos, je me sens bien dans ma petite voiture, à rouler avec le bruit tranquille de la pluie, dans le calme. Je parcours les vallées, j'atteints Plan-du-Var, puis Nice.


C'est ainsi que s'achève mon premier bivouac en solo. Peu d'organisation, peu de matériel, peu de connaissances. Mais un bonheur indescriptible qui fut à l'origine de ma passion actuelle pour la montagne et mes désirs de challenge et de découverte.

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