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"Bivouac" Sommet de Viériou

Récit de Marmotte Claire


Mercredi 1er Mai 2019


Cela fait bien longtemps que je n'ai pas bivouaqué. L'hiver s'est fait long et le printemps s'avère pratiquement inexistant. Le manque de sorties se fait ressentir. En effet, n'ayant ni les connaissances ni le matériel pour m'aventurer en montagne enneigée, je ne suis presque pas sortie de la saison. Comme les marmottes, j'ai quelques kilos en trop et je suis un peu perdue. Cela fait des mois que je pose régulièrement des questions à Nastasia sur l'une de ses tentes, la NatureHike Cloud-up 2. J'ai toujours du mal pour les décisions. Que ce soit pour l'achat d'une voiture ou d'un paquet de pâtes, c'est la même rengaine. Je mets dix plombes. Mais là, ça y est. Je l'ai achetée et reçue il y a une semaine, et il est grand temps de partir la tester. Je choisis un des endroits que je connais pour y être déjà allée et que je sais hors des zones d'enneigement. La Baisse de Viériou, surplombant le charmant village de Coursegoules, en pays de Vence. C'est parti.



Je suis chargée comme une mule. Mon duvet, qui contrairement au précédent tient chaud, pèse 1,6kg et prend plus de la moitié de mon sac 50L. Dans ce dernier j'ai réussi à caser une doudoune, une polaire, mon t-shirt manches longues mérinos, la fameuse tente, le reflex, l'eau et la nourriture. Pas facile mais il a fermé, c'est le principal. Je m'élève sur un sentier en lacets, qui débouche sur une petite partie forestière où l'ombre est la bienvenue. Je traverse une zone de pâturages, je me rafraîchis le visage à l'abreuvoir des moutons. Pas de chichis en montagne. La montée est sportive pour une inactive comme moi. Bientôt, je vois la Baisse de Viériou, puis le sommet.



Plutôt chouette la vue, non ? Je ne peux pas résister à planter ma tente près du sommet. Problème : je ne l'ai jamais montée et en déballant le paquet, me voilà perdue. La technologie ayant du bon, ni une ni deux en remarquant que la 4G est avec moi, j'appelle Nastasia à la rescousse. Elle me fait donc en direct un cours de montage de tente et me sauve bien avant la tombée de la nuit. Je mange et m'enferme dans mon duvet. J'ai un collant et un t-shirt Mérinos, une polaire, une doudoune et j'arrive à avoir froid dans mon duvet.. Bien étrange. Je m'endors, comme d'habitude je n'aime pas vivre cette phase de tombée de la nuit qui me paraît infiniment longue. Je veux voir les étoiles. Je me réveille aux alentours de 23h, et un splendide spectacle s'offre à moi. J'ai toujours admiré les photos de ciels étoilés sans savoir comment les réaliser. Je ne comprends pas les tutos sur internet, mes connaissances sont trop maigres. J'essaye plein de réglages "au pif". Et c'est là que finalement, après une heure de difficultés...


Les étoiles apparaissent, youpiiiiiii !


Jeudi 2 Mai 2019


Il est maintenant 2h du matin. Cela fait trois heures que je fais des photos, teste une multitude de réglages, le tout sans trépied en me servant de mon tupperware de riz pour la hauteur et d'un des sacs de ma tente pour orienter l'objectif vers le ciel. Je pense être arrivée au bout de ce que je suis capable de faire sans aide extérieure. Je réalise alors une ébauche de la photo de mes rêves, ma tente illuminée devant un ciel étoilé. J'ai toujours trouvé ces photos d'illustration de bivouacs splendides. Je fais ce que je peux avec mes connaissances et le vent qui n'aide absolument pas la pose longue.



C'est flou, il y a des tâches dans le ciel, mais qu'est-ce que ça me fait plaisir d'avoir réussi à avoir les deux sur une même photo ! Je suis ravie, et je me dis qu'il serait peut-être temps de poser l'appareil. Et là, c'est le drame. La solitude me rattrape, l'insomnie aussi, et je me mets sans m'en rendre compte à angoisser. Je m'endors brièvement et je me réveille en pleine crise d'urticaire. Je n'ai pas mes médicaments, j'ai tout oublié dans la voiture, à 1h de marche aller. Je décide de tout remballer et de descendre à la frontale. Je me dis que je ne suis vraiment pas nette dans ma tête pour vouloir descendre une montagne aussi basse soit-elle à 3h du matin. Photo creepy, imaginez en vrai.



Au début tout se passe bien, puis viennent les premières inquiétudes.. Suis-je sur le bon chemin ? Qu'arrivera-t'il si je me trompe ? Je devrais passer la nuit dehors à stresser et me gratter ? Je trouve finalement l'abreuvoir de la veille. Je suis rassurée jusqu'à ce que j'entende non pas un mais des cris.. Pas n'importe lesquels. Allez un indice : ahouuuuuuuuuuuuuuuuuu ! Mais non pas des loups, n'abusons pas.. Mais des patous. Je pense à eux et non pas à des chiens normaux pour la simple et bonne raison (à mon sens) que si un chien de famille hurlait comme ça en pleine nuit, son maître aurait tôt fait de venir lui dire de se calmer.. Quelque chose les a réveillés et excités, je ne sais pas si c'est moi et ma lumière. J'appelle mon copain, morte de peur, en lui disant que je vais peut-être me faire manger par des chiens de troupeau. Oui, on dit vraiment n'importe quoi quand on fait une rando en pleine nuit, sachez-le. Je le garde tout le long au téléphone, j'entends les chiens hurler dans le village, je me perds, et j'arrive finalement à ma voiture. Ouf. Je découvre le col de Vence de nuit, superbe, je pense à ce qu'on dit sur la présence d'OVNIS. Tout ce que j'y ai vu, ce sont des avions qui ruinent mes photos.


C'est donc là que je me mets à réfléchir. Je pense très honnêtement que je ne suis pas faite pour le bivouac solo. Cela demande trop d'acceptation de la solitude, trop de coupure avec le monde extérieur. Le bivouac en lui-même n'est pas un problème, c'est le fait de ne pas le partager avec un visage familier qui en est un pour moi. Cela me fait beaucoup réfléchir sur ma définition de l'aventure. Je crois qu'après tout le sentiment d'aventure est présent dès lors qu'on sort un peu des sentiers battus. Je n'ai pas besoin d'être solo, simplement d'être en montagne.



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