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Gaube et petit Vignemale - 29.12.18 et 30.12.18

Récit écrit par marmotte Nastasia





Vendredi 28 décembre. Départ prévu vendredi à 18h30, en direction de Cauterets. Nous sommes deux voitures au départ de Bordeaux, on fera le trajet (presque) ensemble en se rejoignant sur une aire de repos pour le dîner. On saluera le sens commercial des gestionnaires de la station, qui demandent au premier groupe de manger dehors, alors que l’aire est littéralement vide, et qu’il fait 2°, car ils font l’affront de ne pas acheter un sandwich de 23 grammes à 6.50 €. Bonne nouvelle, nous étions quelques-uns du deuxième groupe à ne rien avoir prévu, donc l’achat de quelques sandwichs et chips nous permettra de manger au chaud. Présentations faites et ventres remplis, nous repartons en direction du parking du Pont d’Espagne.

Nous arrivons sur place vers 23h, le parking semble désert, on peut se garer à une extrémité, pour aller planter les tentes dans la forêt, entre six arbres et trois rochers. Bien répartis, 4 dans des voitures, 4 sous tente. Extinction des feux, à demain tout le monde !

Bien emmitouflée dans mon Valandré Mirage doublé à l’intérieur d’un SOL Escape lite bivvy, je n’aurai pas froid de la nuit, à part un peu au visage. Je me réveille peu, 8h arrive vite.


Samedi 29 décembre. 8h, ça commence à s’agiter sous les tentes, le thermomètre affiche -2°. C’est correct pour un matin montagnard en décembre. Pas de quoi me décourager de passer la prochaine nuit dehors, alors j'empaquette la tente et le matelas dans le sac.

Une voiture de plus arrive, Romu et Maëlys se joignent à nous. De mon côté, j’en chie un peu à trouver une place pour mes crampons dans mon sac. Je n’ai pas de housse de protection et je ne trouve pas comment les fixer à l’extérieur du sac. Luccio me sauvera en me prêtant une housse, me permettant de les glisser dans la poche en mesh. L’ultra tour 22 n’est pas un sac d’alpi, c’est certain, mais pour une première, il fera bien le job !




On commence alors la montée, en direction du refuge des Oulettes de Gaube. Les premiers mètres se font en commun pour les deux itinéraires. On en fera même quelques-uns en trop, occupés par nos discussions et oubliant que l’on ne chemine pas ensemble toute la journée !

Bonne route aux courageux qui empruntent l’itinéraire long (Luccio, Alain, Highpic et Fabi), de notre côté, on rebrousse chemin pour retrouver le sentier classique. Il y a de la neige çà et là mais c’est vraiment très léger. Nous avons bien fait de laisser de côté l’idée d’embarquer des raquettes, qui n’auraient été d’aucune utilité.

En revanche, on se retrouve assez vite à devoir passer sur de grandes plaques de verglas qui juchent le sentier. C’est une véritable patinoire, certaines de nos foulées semblent être des pas de danse ou des exercices de gymnastique. Qui sera le premier à faire le grand écart ?

Après 50 minutes de montée, nous voilà au lac de Gaube. On avance bon train, à ce rythme on devrait arriver au refuge pour le déjeuner. On y fait une courte pause, pour grignoter quelques fruits secs et boire un peu, avant de repartir. Les panneaux indiquent alors 1h30 jusqu’au refuge (en estival).






Le sentier commence à être enneigé par endroits et ça permettra d’initier la valse des vautres, par Sonic ! Ça pique un peu, mais on continue. S’en suivront quelques autres pas artistiques, aucun ne fut immortalisé.

En cours de montée, nous voyons Tomi arriver. Il nous a rattrapé, on va pouvoir terminer notre cheminement ensemble.

Après plus d’une heure de marche, ça semble monter un peu moins et on s’enfonce de plus en plus dans la vallée. A partir de ce moment, on a l’impression que le refuge se cache derrière chacune des buttes qui se trouvent sur notre chemin. Mais non, il n’est toujours pas là. Pourtant, il commence à faire faim.

On commence à croiser pas mal de monde en sens inverse. C’est bon signe, beaucoup de randonneurs font l’aller-retour au refuge dans la journée et la concentration de monde à cet endroit-là semble nous indiquer que le refuge est juste là, derrière. Ben non, toujours pas ! Il faudra encore pousser un peu sur nos gambettes et faire taire nos ventre gargouillants avant d’entrevoir le si-convoité refuge.

Nous trouvons que suivre le sentier est totalement surfait et nous nous engageons sur une (très très très) courte et (très) raide montée, où j’apprendrais que mettre un coup de poing à la neige (bien qu’involontaire) n’est VRAIMENT pas l’idée du siècle. Ça pique. Mais nous y sommes ! Pas tant épuisés par la montée (qui fut assez rapide en soit) que creusés par la faim, nous nous engouffrons dans le refuge, déjà occupé par un couple de Toulousain, qui nous accueille timidement.

Finalement, en quelques échanges, le ton devient de plus en plus convivial et familier. J’apprécie beaucoup ces rencontres montagnardes, souvent enrichissantes et toujours agréables.

Une étagère pleine de chaussons nous attend, on ne se fera pas prier pour laisser nos chaussures aux vestiaires. Ni pour tuer la boite de truffes au chocolat que j’avais porté jusqu’alors … Nous visitons alors le refuge qui s’avère vraiment spacieux. La seule vue du dortoir suffira à me pousser à faire une infidélité à ma tente. C’est bien dommage d’avoir porté tente et matelas pour rien, mais ce le serait encore plus de ne pas profiter de ces lits bien douillets et qui ne demandent qu’à nous accueillir ! Fort heureusement, Sonic ne tardera pas non plus à m’annoncer son souhait d’abandonner la tente à son tour. Ça tombe bien, c’était déjà plié dans ma tête !

Vint ensuite probablement le moment le moins MUL de ma vie de MULe. Prenez 7 sacs que vous videz de tout leur contenu dit « extras » et remplissez une table entière de refuge avec diverses victuailles à boire ou à manger. Voilà, le tour est joué !

Finalement, à attendre d’arriver au refuge pour manger, nous avons un peu loupé le coche de notre faim. Ça s’essouffle doucement, nous nous contenterons de grignoter chocolat, carottes (vraiment !) et de boire du thé.

Aucune ascension n’étant prévue pour l’après-midi, nous en profitons pour flâner, profiter du soleil ou de la chaleur du poêle, remplir les bouteilles d’eau (même pas besoin de faire fondre de la neige !) et nous reposer.

Un peu plus tard dans la journée, Luccio et Alain arrivent au refuge, suivis ensuite par Highpic et Fabi. Leur itinéraire (bien plus fastidieux) ne leur ayant pas permis d’arriver vers 14h et de faire les pilliers de bar refuge, comme nous.

On se raconte alors un peu nos épopées et surtout … les sacs continuent de se vider. Fort heureusement, il n’y a pas énormément de monde au refuge à part notre groupe. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il y avait 6 personnes en plus de nous. 6 personnes qui ont dû halluciner en voyant la quantité de nourriture que l’on pouvait sortir de nos sacs…

La nuit tombant, nous jugeons approprié d’attaquer l’apéro. Pendant que certains mettent tout leur cœur à préparer les tartines, d’autres remplissent les verres et font chauffer de l’eau. S’en suivra une longue soirée, des plus agréables et conviviales, qui n’eut rien à envier aux plus beaux festins de réveillon.



Après plusieurs heures à profiter de ces délicieux instants au coin du poêle, nous finirons par rejoindre nos duvets dans le dortoir. Seul Tomi aura le courage d’aller dormir dans sa tente. Je salue encore la performance !

Ah… J’ai oublié de parler du sublime spectacle que le ciel nous a offert cette nuit-là. Certainement pour parfaire l’instant. Des étoiles indénombrables, une voie lactée qui se dessine délicatement et des sommets majestueux qui nous entourent. J’ai d’ailleurs profité d’un trou de sommeil entre 3 et 4h du matin pour sortir contempler ce spectacle que la nature nous offrait. Loin de la pollution lumineuse des villes, du brouhaha du quotidien. Juste la montagne, le ciel et le silence. Un cadeau dont je ne me lasserai jamais.


Dimanche 30 décembre. 7h, les fermetures éclairs des duvets viennent rompre le silence du dortoir. Certains resteront au refuge pour la matinée, d’autres se lanceront dans l’ascension du Petit Vignemale.

Nous nous retrouvons dans la pièce du poêle, émergeant doucement autour de nos thés, cafés ou chocolats au lait. La lune éclaire le haut des sommets, bien que le soleil commence à se lever, le spectacle de la nuit est encore un peu présent.




Vers 8h, nous nous mettons en route, sacs allégés des items inutiles puisque nous faisons un aller-retour, crampons prêts à être chaussés. Nous commencerons sans. Je découvre alors les sensations de vraiment évoluer dans la neige (et d’essayer de marcher dans les traces de ceux de devant, qui ont au moins 30 cm de jambes de plus que moi).

Clairement, je marche mais je sens très vite que je vais en chier ! C’est tout autre chose qu’évoluer sur un sol stable, je n’ai pas envie de traîner 30 mètres derrière alors qu’on commence tout juste donc je fais de mon mieux pour suivre le rythme. Je me questionne franchement sur ma capacité à suivre jusqu’au bout. Un referendum s’établit entre moi et moi-même sur la question de suivre ou de faire demi-tour tant que je peux le faire seule, sans emmerder quelqu’un qui devra faire demi-tour avec moi !



Nous arrivons dans une pente un peu plus raide, il est temps de chausser les crampons. Première difficulté… Mon pied ne rentre pas bon sang, pourtant je les ai réglés avant de partir ! Etant reine en matière de patience, je perds mon sang froid en approximativement 12 secondes. Fort heureusement, Highpic m’aidera à saucissonner tout ça comme il faut.

Bon, me voilà debout sur ces espèces d’armes blanches prêtes à en découdre avec qui que ce soit qui me regarderait de travers. La marche avec crampon (tout du moins, en montée…) se fait de manière assez naturelle. L’accroche dans la neige est vraiment agréable !

Nous attaquons donc des pentes… un peu plus raides. Luccio prend le relais d’Highpic pour faire la trace. J’essaie de le suivre de près… Mais j’ai encore un souci de taille de jambes. Highpic percevant ma peine à suivre commandera des traces un peu plus serrées. Voilà qui va mieux. Bon, plus aucune excuse pour ne pas avancer maintenant.




Enfin si, j’en peux pluuuuuuuuuuuus ! J’ai la sensation que le col recule à mesure qu’on avance (certains diront que c’est moi qui recule quand je marche !) et je me dis que je laisserai le groupe monter seul au sommet, je les attendrai au col.

Après de longues minutes (heures ?) on arrive enfin au col. Je reçois les félicitations de Sonic, toujours d’un soutien sans faille ! J’exprime alors l’idée de rester au col, tout en ingurgitant une de mes barres feed. Il me faut au moins ça j’ai l’impression d’être en panne sèche. Mais on me dit que ce serait dommage, qu’il ne reste qu’une heure d’ascension et qu’en plus je vais me geler le cul si je reste ici !





D’humeur peu contrariante (et surtout avec l’envie d’y aller au fond des tripes !), j’accepte donc de tenter d’aller au bout, tout en sachant que les minutes à venir vont s’avérer pénibles. On se remet donc en route avec des rythmes bien différents. Je suis à la traîne évidemment, mais Alain et Luccio restent à proximité, m’encourageant dans cette montée qui m’est bien délicate.



A mi-chemin, je suis prise d’une douleur vive sous la poitrine. Comme un point de côté, mais vraiment sur l’avant, et ça fait une barre qui me donne la nausée. Bon, voilà, je découvre les bienfaits de la gueule de bois en altitude. Bravo le veau, j’ai un peu honte et ce serait encore plus minable d’être incapable de monter à cause de ça ! Donc on s’bouge le cul ma p’tite dame.



Le sommet se rapproche, de plus en plus … et m’y voilà. Je suis épuisée, lessivée mais tellement heureuse. Moi qui ne demandait qu’une sortie d’initiation et imaginait un simple aller-retour au refuge, je me retrouve à monter pour la (juste) deuxième fois un 3000. Et pour la première fois en hiver… Mes lunettes sombres cacheront assez bien l’émotion qui m’envahit à ce moment-là. Je suis ravie, ravie d’être là, reconnaissante envers tout le groupe qui m’a encouragée et conseillée à chaque moment délicat.




La récompense vaut bien l’effort… Un sublime panorama sur de magnifiques sommets pyrénéens. Et au loin, reconnaissable entre mille, le pic de Néouvielle que j’affectionne tant. Il est temps de redescendre. La satisfaction laisse place à l’appréhension. Bah oui, la montée était assez raide. Ça se descend comment maintenant ?! Sonic et Alain s’attelleront à me faire descendre prudemment, en m’expliquant les techniques qui devraient me permettre d’arriver en bas, entière.

Nous entamons donc la descente jusqu’au col, et aussi raide soit-ce, c’est vraiment très agréable. Une drôle d’impression de marcher dans de la crème glacée, le talon qui s’enfonce juste ce qu’il faut. J’avance bien et l’appréhension disparaît petit à petit. Finalement, ça me semble bien moins pénible qu’une descente raide en été !



Bon, c’était sans compter que j’allais m’entraver avec mes crampons et sceller mes deux pieds ensemble. Je vis alors le sol se rapprocher, assez vite… En une seconde, je me retrouve à plat ventre, en train de glisser avec un bâton qui se fait la malle. Ne voulant pas affoler mes deux accompagnateurs quelques mètres devant moi, je lance un délicat « s’il vous plaît ? Vous pouvez récupérer mon bâton ? ». Je glisse assez peu finalement. Une fois bien arrêtée, je démêle mes pieds et me relève. Personne derrière… devant, ils ne me regardaient pas. Parfait, personne n’a vu la manœuvre. Je peux continuer dignement. On arrive enfin au col, ou le reste du groupe nous attend. Soudain, on me demande si le petit épisode de luge fut agréable. Merde. Moi qui pensait avoir fait ça discrètement, finalement j’avais un public bien attentif, qui n’a pas raté une miette de mon plat digne d’une otarie enfermée dans un delphinarium.


Une fois cet aparté clos, nous entamons donc le retour jusqu’au refuge. La pente est bien raide par endroit et les glissades ne sont pas loin. Vraiment pas loin, de moins en moins loin… Et cette fois-ci, c’est Gui3gui qui se paie l’honneur de tester la capacité de glisse de la neige ! Quelques mètres sur les fesses. Mouais, on me la fait pas à moi, je suis sûre que c’était pour aller plus vite que les autres !

Vers 14h nous sommes de retour au refuge. On s'attable afin de partager un dernier repas ensemble avec les restes de la veille (toujours pas besoin de toucher à mes lyophilisés, je tiens à le signaler). Après cet aller-retour au sommet du Petit Vignemale, une sieste serait la bienvenue ! Mais ce n’est pas au programme, il nous reste encore quelques kilomètres pour rejoindre le parking, et 3 heures de route pour rentrer sur Bordeaux. La journée est loin d’être terminée.

Après notre nouvel an “avant l’heure”, personne ne décide finalement de pousser jusqu’au 1er. Seul Tomi passera une dernière nuit au refuge pour ne rentrer que le lendemain. Nous remettons nos chaussures et nous prenons la route du retour. Chacun marche à son rythme et le groupe s’effiloche, nous nous retrouverons de toute manière tous au parking.



Si on croyait que le sol était une patinoire à l’aller, c’est parce que nous n’avions pas encore vécu le retour ! (Logique… Captain Obvious) Les plaques de glace sont extrêmement traîtres en descente, et je me paie encore une belle vautre sur le fessier. L’appréhension prendra ensuite le dessus et la crispation dans mes jambes entraînera de plus en plus de légères glissades.

Comme souvent lorsqu’on a un itinéraire en aller/retour, le chemin commence à nous sembler interminable. J’essaie de contrebalancer ce sentiment par le fait qu’une fois dans la voiture, je regretterai les montagnes, comme à chaque fois ! Alors essayons de profiter de ce retour, aussi glissant soit-il…

Nous arrivons finalement aux voitures alors que la pénombre commence à envahir les lieux. Nous n’aurons pas besoin de sortir les frontales mais cela s’est joué à quelques minutes seulement.

Il est temps de ranger les sacs dans les voitures, se rendre les affaires prêtées et se dire au revoir en se souhaitant un bon retour.

Une fois de plus, je rentre chez moi le sourire au lèvres de ce fabuleux week-end. Des paysages sublimes, une expérience inoubliable et des rencontres très agréables. Merci encore à tous, pour votre bonne humeur, vos conseils et votre présence ! A très bientôt je l'espère.






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